Animatrice
de radio et de télévision, Frédérique Bedos retrace son chaotique parcours de
fille adoptée et le chemin d’amour qui lui a permis de se reconstruire.
Elle
n’avait jamais soufflé mot de son enfance. Lancée dans une carrière
télévisuelle entre New-York, Londres et Paris, animatrice à succès sur M6 et
MTV, la rayonnante jeune femme s’efforçait de tourner la page et de repousser
les peurs du passé.
Aujourd’hui, elle se raconte dans un livre-témoignage : la
Petite Fille à la balançoire. Elle dédie son récit « à (s)es mamans ».
L’une
l’a mise au monde, lui offrant un amour douloureux, traversé par la maladie
mentale. L’autre l’a accueillie dans ses bras tranquilles et cette famille
chaleureuse où la Ddass la conduisait chaque fois que « maman Jeanne » délirait.
C’est là, par l’improbable force de l’amour, que la petite fille, puis
l’adolescente s’est reconstruite.
Frédérique Bedos porte aujourd’hui le Projet Imagine,
un média qui met en lumière des héros du quotidien. Consciente qu’on n’a jamais
tout à fait fini de traverser son histoire, elle relit pour La Vie l’itinéraire
d’une force fragile.
Maman Jeanne « Je n’ai pas eu de père, mais je ne me suis
jamais sentie abandonnée. Je n’ai pas cette blessure du cœur dont on met toute
la vie à guérir. Avant que la maladie me la vole, je sais que ma mère m’a
aimée. Fille de l’assistance publique, elle me racontait son émerveillement
devant le bébé que j’étais, qu’un homme adoré lui avait donné avant de
s’enfuir. Nous vivions, en tête à tête, une vie de bohème. On déménageait tout
le temps, on n’avait rien, elle me gavait de bonbons et de tendresse.
Imaginative, cultivée, maman Jeanne écrivait des poèmes, dessinait, m’a appris
à lire à 3 ans, avec elle j’écoutais de l’opéra. Et puis, il y avait l’autre
face, la ténébreuse, la maladie qui gagnait du terrain. Face de méchanceté, de
mensonge que la petite fille de 8 ans que j’étais apprenait à distinguer de la
mère qui l’aimait. Je devenais alors la maman de ma maman. Au retour de
l’école, j’avais peur de ce que j’allais trouver, des hommes qu’elle ramenait,
de ses tentatives de suicide, de ses délires paranoïaques qui finissaient en
camisole chimique à l’hôpital psychiatrique. Peur surtout de ne pas pouvoir la
sauver d’elle-même. Shootée, elle me regardait sans me voir. Et moi, le
fourgon de police me déposait pour quelques jours dans la maison de ceux qui
allaient devenir mes seconds “parents”. »
La famille « Avec mes parents
adoptifs, à qui j’ai été définitivement confiée par la justice après mes 11
ans, j’ai découvert une ribambelle de frères et sœurs. Avec Virginie, ma sœur
coréenne, Pierre-Vincent, le bébé né sans bras ni jambes, Gaston, le frère
camerounais dont le visage avait brûlé dans un feu… il fallait nous voir dans
la rue. Cette tribu arc-en-ciel où il manquait un œil à l’un, un bras à l’autre
ne passait pas inaperçue. Chacun est arrivé clopin-clopant dans cette famille
avec son parcours chaotique. Mais nous devenions des enfants “choisis”.
Et la
magie a opéré. Quand on reçoit la bonne dose d’amour, les blessures ne vous
écrasent pas. Même, elles vous permettent de nourrir de l’empathie pour les
autres. Vous avez beau être en colère devant votre souffrance, le cercle élargi
où circule la vie et le rire vous fait le cadeau du partage. Ma sensibilité, je
la dois aussi à mon enfance. C’est là que j’ai appris ce qu’est la famille de
cœur. Des expériences comme celles-là vous permettent d’embrasser la famille
humaine, d’expérimenter en petit ce qu’on rêverait de vivre dans notre monde. »
Source : Interview de Frédérique Bedos sur lavie.fr ->Retrouvez
l’intégralité de l’article dans l’édition n° 3654-3655 de La Vie - See more at:
http://blog.aventdanslaville.org/rubriques/projet-imagine/?utm_source=EMV&utm_medium=Mail&utm_campaign=ADLV#sthash.Kl8jvXKi.dpuf
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire