mercredi 9 mars 2011

Carême 2011 - Prenez courage! Le Seigneur regarde le coeur

La Parole de Dieu

« Quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret. »
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu, chapitre 6, verset 6.

La méditation

C'est bientôt le printemps, et il faudrait m'enfermer ? Le soleil donne enfin, et j'irais me cacher ? S'enterrer chez soi, quand tout nous invite à sortir, voilà une drôle de façon de commencer le carême. Moi qui voulais enfin fuir ce qui s'empile et s'encrasse au fond de la maison, sous le lit, sur mon bureau : Les livres que je n'ai pas lus, les chaussettes non triées, la vaisselle pas rangée. Un amas de choses qui ne sont pas bien en ordre, qui attendront plus tard et qu'on aimerait tant oublier.

Au fond de mon cœur aussi, il y a bien des choses empilées : des querelles qui couvent, des pardons en attente, des blessures mal refermées. On n'aime pas toujours se retirer dans ces coins-là de nos vies, on préfère ignorer ces lieux terrés en nous, cachés derrière des portes fermées à double tour.

Pourtant c'est là, précisément, que le Seigneur me demande d'aller aujourd'hui : dans les recoins cachés de ma vie. « Retire-toi au fond de ta maison ». Ne reste pas là, sur le seuil, franchis une à une les portes, les plus faciles à ouvrir d'abord. Retrouve ces lieux où il fait bon séjourner : ces pièces familières, accueillantes. Celles qu'apprécient tes amis, ta famille, où brillent tes qualités. Puis continue, et atteins d'autres chambres, plus intimes : les sentiments que tu ne partages qu'à peu de monde, les secrets, les faiblesses. Et au fond, tout au fond, parviens jusqu'à cette porte fermée.

L'ouvrir te semble peut-être imprudent. Tout ce qui, derrière, est si mal rangé ne risque-t-il pas de me tomber dessus, de me blesser, de me salir ? Sache pourtant que la plus belle des rencontres t'attend derrière la porte. Car le Christ s'y tient caché. Il a déserté le jardin ensoleillé, le séjour accueillant, l'appartement témoin. Il te devance là, dans la pièce retirée.

Ouvrirai-je ? Mais de quoi ai-je peur ? Lorsque les disciples, par crainte, s'enfermèrent dans une chambre hermétiquement close, après la résurrection, le Seigneur n'a pas hésité à venir, au milieu d'eux. Leur vie était pleine d'ombre et de doutes, et c'est dans cette pièce obscure que le Christ est venu porter la lumière de sa résurrection : « Confiance, c'est moi ! ». Si ça a marché pour eux, pourquoi pas pour moi ? Dieu ne viendrait-il pas dans ce qu'il y a de plus renfermé en moi ? Irai-je courir ailleurs que là où il m'attend ?

D'ailleurs, c'est bien là, précisément, qu'il me sera utile. Le ménage, je l'ai déjà fait vingt fois dans le salon. Devant la maison, la pelouse est impeccable. J'ai sauvé les apparences, en façade, rien à redire. Mais ce temps de carême n'a rien à voir avec un ravalement de façade, ou de la décoration intérieure. Il nous invite plutôt à aérer jusqu'à cette dernière pièce de la maison, laisser s'y engouffrer le souffle vif des premiers beaux jours.

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