dimanche 10 avril 2011

Sauvée par l'amour

La Parole de Dieu

« Marie arriva à l'endroit où se trouvait Jésus ; dès qu'elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : "Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort." »
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean chapitre 11, verset 32.

La méditation

Lazare est mort. Ses soeurs, Marthe et Marie, accueillent les proches de la famille, tâchant ensemble de se consoler malgré la tristesse. Pourtant, dans cette foule, il manque un ami, Jésus de Nazareth, ce prédicateur itinérant sur le parcours duquel les aveugles voient, les boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, parfois même les morts ressuscitent. Marthe et Marie l'envoient donc chercher. Qui sait ?

Peut-être trouvera-t-il un moyen de transformer encore leur vie comme il l'a fait depuis leur première rencontre. Marie, celle que la tradition identifie à Marie-Madeleine, sait bien de quoi il est capable même si, pour elle, il n'a pas été question de guérison miraculeuse. Ce que Jésus a fait pour elle valait bien plus. Marie, avant de connaître Jésus, plus personne ne la considérait. Pécheresse publique, tourmentée par de nombreux démons, elle n'était que l'ombre d'elle-même.

Et c'est un dernier acte d'amour qui l'a sauvée. Pourtant, alors qu'elle avait connu tant d'hommes avec qui l'espace d'un instant elle avait partagé un succédané d'amour, alors qu'elle ne s'estimait même plus elle-même, que pouvait-elle encore attendre de l'amour ?

De l'amour humain rien probablement, elle en a dévoyé toutes les formes. C'est d'un amour surhumain dont elle avait besoin, un amour de réparation intérieure. C'est ce qu'elle est allée chercher, un soir. Jésus dînait chez un voisin. Elle l'apprend, elle connaît la réputation de l'invité. On dit de lui que c'est un prophète, peut-être Jean le Baptiste, peut-être le Messie annoncé par les Écritures.

Peu importe à vrai dire, Marie s'est tellement fait tromper qu'elle peut bien tenter le tout pour le tout, même pour un charlatan. Elle prend son dernier flacon de parfum et court se jeter aux pieds de Jésus. Parce que si vraiment celui-là est le Fils de Dieu, c'est à lui que revient ce parfum de luxe, dernier témoin de la vie de ténèbres qu'elle a menée jusque-là. C'est à lui aussi que reviennent ses larmes, ses cheveux, tout son corps et son âme qu'elle veut voir revenir à la vie. Les convives s'étonnent de la passivité de Jésus. Connaissant la réputation de cette femme de mauvaise vie, il aurait dû rapidement la rabrouer et demander au maître de maison de la mettre dehors. Il n'en fait rien. Parce que, pour la première fois, la confiance dont a fait preuve Marie ne va pas être déçue. Cette vie qu'elle attendait, seul Jésus la lui donne. « Tes péchés ont été pardonnés. Ta foi t'a sauvée. Va en paix. ». C'est bien peu spectaculaire, mais c'est de cela dont avait besoin Marie. Elle avait besoin de savoir que sa vie ne s'arrêtait pas aux erreurs du passé, qu'elle était capable d'aimer et d'être aimée à nouveau.

Alors à ce Jésus qui l'a fait revivre, elle a tout donné. Elle l'a suivi et a rejoint le groupe des disciples. Elle est même allée plus loin et l'a fait entrer dans sa maison à Béthanie. Elle lui a fait connaître son frère Lazare et sa soeur, Marthe. Et entre cette fratrie et Jésus des liens particuliers se sont tissés, dépassant la relation ordinaire maître-disciples. Ce sont ainsi les seuls, avec le disciple bien-aimé, dont l'Évangile nous dit que Jésus les aimait.

Alors, à l'annonce de la mort de Lazare, il n'est pas étonnant que Jésus rebrousse chemin et aille retrouver ses amis. Il vient à nouveau à leur rencontre et il pleure avec eux. Jésus pleure. Dieu pleure. Mais au milieu de cette détresse, il demande aux deux soeurs ce même acte qui a fait revivre Marie, il y a bien longtemps, cet acte de confiance, d'abandon : « si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ». Et pour que le monde croie qu'il est le maître de la Vie, qu'il est l'amour parfait qui fait revivre, qu'il est le Fils de Dieu, Jésus va aller jusqu'au tombeau de Lazare pour lui lancer cet appel : « Lazare, lève-toi, sors d'ici ! ». Cette résurrection fut pour la fraternité de Béthanie l'ultime témoignage de la divinité du Christ.

Mais Jésus allait réserver à Marie seule, le témoignage de sa victoire suprême sur la mort et le mal par sa propre résurrection. Au lendemain de sa Pâque, c'est Marie qu'il rencontre. Et elle, elle le reconnaît à l'instant où il prononce son prénom : « Marie ». C'est dans les yeux et le coeur de Jésus, que Marie s'est reconnue comme personne, comme fille de Dieu, comme fille ayant du prix aux yeux de son Père. Alors, envoyée en mission, Marie va courir annoncer la bonne nouvelle aux disciples de Jésus. Le maître est vivant. Notre confiance, notre espérance, notre amour n'ont pas été vains et grâce à eux, Dieu nous a sauvés . Soyons-en sûrs, ce que Dieu a fait pour et avec Marie, il le refait pour nous et avec nous tous les jours, jusqu'à ce qu'Il revienne.

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